Chronique n° 14 - Mardi 11 avril 2006 LA "RAFALUTION" EST EN MARCHE A quelques encablures de l'épilogue de la saison 2005-2006, le destin des Reds en Premier League semble être scellé. Sans céder dans le chauvinisme, il est bon de souligner les progrès que notre équipe a réalisé durant ses derniers mois sous la tutelle du maître tacticien Rafael Benitez. Une place sur le podium. Tout sportif de haut niveau s'en contenterait, peut-être pas les plus orgueilleux ou les plus ambitieux mais il n'empêche qu'il y a de quoi être honoré de finir parmi les trois premiers. Bien sur, et ne pas l'admettre serait un tort, viser toujours plus haut est la marque d'un grand champion mais parfois un brin de contentement s'avère judicieux à condition bien sur de savoir placer la barre plus haut par la suite.
Le retour au devant de la scène Le très respecté Bill Shankly disait que finir second c'était comme finir dernier. Gagnant dans le sang, il ne supportait pas l'échec. D'un autre côté il savait mieux que quiconque que la meilleure façon de s'améliorer c'était de ne pas brûler les étapes et franchir les paliers un par un, c'est pourquoi, je pense, il nous excusera d'avancer aujourd'hui que la saison 2005-06 de sa si chère équipe de Liverpool fut réussie.
La métaphore peut paraître saugrenue mais l'ascension d'Everest ne s'est jamais faite en un coup. Les escaladeurs ont toujours éprouvé le besoin d'installer des campements à des points élevés et ce jusqu'à l'accession au sommet. L'allusion est faite à la Premier League , qu'aucune équipe n'est parvenue à remporter sans avoir terminé seconde l'année d'avant.
En ces termes il est facile d'indiquer exactement les progrès accomplis par les Reds cette saison. L'équipe est sur une courbe ascendante assez raide, et les joueurs le sentent. En fait, la vraie difficulté en football surgit une fois qu'une formation fait un pas en arrière notable durant une saison, se remettre sur de bons rails s'avèrent alors une tâche des plus délicates. Une telle immersion s'est produite en 2002-03 et la confiance avait alors considérablement abandonné la bande à Houllier.
Encore quatre matches et le rideau tombera sur l'exercice en cours. Dire alors qu'il y a du mieux dans le rendement de Liverpool par rapport aux saisons précédentes ne sera pas usurpé et ce indépendamment du parcours accompli en Cup, qui fait figure d'une cerise sur le gâteau. Il y a un an on avait terminé cinquième suite à un parcours plus ou moins mitigé. Trop irréguliers on n'a jamais été en mesure de rivaliser pour le titre. Une saison de transition, disait-on. Autant à l'époque on était restés à notre faim, autant aujourd'hui les raisons de satisfaction sont indénombrables. Comment donc ne pas tirer hommage à celui qui est l'instigateur de cette marche en avant ?
Rafa Benitez, la clé du succès Se remémorer le passé est souvent profitable dans le sens où on se rappelle d'où on vient. Nous sommes en juillet 2004. L'ancien entraîneur de Valence, Rafael Benitez pose ses valises sur les bords de la Mersey. Auréolé d'un titre de champion d'Espagne, il est attendu comme un messie à Anfield. La pression est donc très énorme sur ce technicien ibérique qui se retrouve pour la première fois à exercer hors de ses frontières. N'ayant pas froid aux yeux, il déclare vouloir rendre à Liverpool ses lettres de noblesses. Un pari audacieux auquel les scousers adhèrent vite. Les observateurs Outre-Manche, eux, se montrent plus suspicieux, toujours prêts à lyncher les quelques étrangers qui débarquent en Premier League, histoire de marquer leur territoire.
Rafa, surnommé ainsi par les fans, étale rapidement ses ambitions. L'objectif déclaré est de monter en puissance au fil des années. Avant tout il fallait solidifier les bases afin de ne plus revenir à la case départ et essayer de titiller les plus grands quand les circonstances le permettent. Acquérir une rigueur disciplinaire semblait aussi faire partie de ses priorités de même que se réconcilier avec la plus prestigieuse des compétitions européennes, qui avait tant fait notre bonheur par le passé. Véritable passionné, Rafa faisait preuve d'une belle lucidité et son discours plaisait car ne manquant pas d'objectivité. De plus, le soutien que la direction lui a témoigné avait pour but de faciliter son adaptation. Le board n'a, en effet, pas hésité à lui donner carte blanche pour opérer les renforts qu'il jugeait utiles pour son groupe. La Rafalution était dès lors en marche.
Aujourd'hui, deux ans plus tard, force est d'admettre que Rick Parry ne s'est pas trompé en l'engageant. Après avoir démarré sur la pointe des pieds, il a progressivement, non seulement amélioré les résultats de l'équipe, mais aussi hissé son niveau de jeu. Une Coupe des Champions, la cinquième, est aussi venu garnir notre si beau musée. Bien sur, tout n'a pas été rose tout le temps, surtout lors de la première saison, mais refuser de reconnaître sa compétence serait lui faire injure et se montrer d'une ingratitude infâme envers le travail qu'il a accompli.
Heureusement qu'il y a aussi les chiffres pour convaincre les plus inflexibles. A quatre journées de la fin, notre total actuel des points est 70. En 14 saisons de Premier League, trois fois seulement les Reds ont fait mieux. En 1995-96 et 1994-95, les Barnes and co ont totalisé respectivement 71 et 74 points. En dehors du fait qu'on est en passe de faire mieux, deux victoires seraient suffisantes d'ailleurs, il faut préciser que les deux exercices cités se sont disputées avec un championnat de 22 équipes, donc 42 journées. La véritable référence demeure donc la saison 2001-02. Notre meilleure depuis l'avènement de la Premiership , que ça soit au niveau des points ou bien au niveau du classement final. Dauphins d'Arsenal, les Reds, menés alors par un MacAllister ressuscité, ont atteint le cap pléthorique de 80 points. Pour effacer ce record des tablettes, il suffit aujourd'hui aux coéquipiers de Carragher de faire un sans faute pour et glaner les 12 points mis encore en jeu. S'ils y parviennent, on ne peut être surs que le chapitre 2 de l'ère Rafa sera marqué en lettres d'or dans les annales de LFC.
Faire mieux parait à priori impossible, pourtant il bien falloir s'appliquer à y arriver l'année prochaine si on veut se mêler à la course au titre. Mais cela dépendra de beaucoup de choses, entre-autres : la qualité des renforts à l'intersaison pour pallier les quelques carences actuelles, la fraîcheur physique en début de championnat (toujours un problème après une Coupe du Monde), et aussi le niveau auxquels nos rivaux se hisseront.
Hillsborough, 17 ans après Finir sur une note triste n'est jamais agréable mais je ne me voyais pas en mesure de ponctuer ma chronique sans rendre hommage aux 96 victimes de la tragédie de Hillsborough. Sans les fans, le football n'est rien et les oublier serait une offense. Le 15 avril prochain, 17 ans seront passés déjà depuis ce désastre qui a plongé le football anglais dans une mélancolie profonde. On a beau penser à l'avenir, on ne peut s'empêcher de se remémorer le passé avec un brin de nostalgie même lorsqu'il est douloureux.
Samedi prochain, comme chaque année à cette date, des milliers de fans se rendront au Memorial pour se recueillir derrière le Kop, déposer tour à tour les quelques fleurs et allumer des bougies pour honorer la mémoire des défunts.
En 1989, des milliers de supporters anglais, jeunes et vieux, hommes et femmes, venant de Liverpool et de Nottingham se sont rendus à Sheffield soutenir leurs équipes respectives. Quatre-vingt seize d'entre eux ne sont jamais revenus chez eux.
La police de Yorkshire a été prise pour la principale responsable. En effet, devant l'affluence et la queue de plusieurs de personnes qui s'est formée à l'entrée du stade, elle a décidée d'ouvrir une autre entrée qui ne comportait pas de tourniquets. Ceci provoqua un énorme mouvement de foule. Des supporters de l'équipe visiteuse, en l'occurrence Liverpool, ne soupçonnait tout le danger que cela comportait. Après avoir traversé un tunnel très étroit, ils se sont retrouvés dans une zone de tribune déjà pleinement remplie. Dans l'embuscade qui s'en est suivie, des dizaines de personnes, spécialement ceux qui étaient comprimées contre les grillages, ont trouvé la mort, écrasées et piétinées. L'horreur devenant apparente, l'arbitre du match décida d'arrêter la rencontre et envoyer les vingt-deux acteurs aux vestiaires.
Depuis ce désastre une flamme brûle incessamment à côté des portes de Shankly, comme pour rappeler que cet incident est désormais encré dans l'histoire du club. Ceux qui n'ont pas encore pris conscience de l'ampleur du drame n'ont qu'à jeter un coup d'œil sur la liste de ceux qui nous ont quitté ce jour là. Jon-Paul Gilhooley aurait eu 27 ans samedi. D'autre part, certaines familles y ont perdu plus d'un proche. On pense à celles de Garry et Stpehen Harisson, de Carl et Nick Hewitt, de Thomas et Tommy Howard, de Christopher et Martin Traynor et enfin celle des deux sœurs Sarah et Victoria Hicks.
Remuer le couteau dans la plaie ne sert à rien mais rappeler à la jeune génération d'aujourd'hui ce qui s'était passé ce jour là est essentiel afin de la sensibiliser.
Samedi, il sera important à plus d'un titre de cogiter sur ce qui s'est passé. Rien ne peut effectivement remplacer la perte d'une personne chère, mais ceux qui ont la chance de se rendre au Mémorial afin d'exprimer leur sentiment de compatie envers les familles des victimes contribueront d'une certaine manière à les aviser qu'un tel incident n'est pas prêt de se reproduire.
A la manière dont les américains se remémorent où est-ce qu'ils étaient lorsque Kennedy a été assassiné, les fans de football, eux, peuvent se rappeler quand est-ce qu'ils ont entendu parler de Hillsborough.
Pour les victimes, ce dix-septième anniversaire n'est en fin de compte qu'un jour comme les autres. Ils se réveilleront comme tous les matins avec ce souvenir ardent d'un proche disparu.
Un jour de printemps ensoleillé ils sont partis regarder un match de foot, ils ne sont plus jamais revenus…You'll Never Walk Alone
Beneddra Naïm source:
http://www.footanglais.com/endirectdeliverpool.php
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