Le championnat anglais est une fête pendant les fêtes
LE MONDE
Les fêtes de Noël sont une période faste pour les footballeurs anglais, et pas seulement à cause des montres en or et des voitures de sport que leur offrent leurs femmes. Alors que les joueurs français observent une trêve pendant une quinzaine de jours, les clubs anglais de première division (Premier League) continuent de jouer. Un marathon qui les fait se rencontrer les 23 décembre, 26 décembre, 30 décembre et 1er janvier. Quatre matches très rapprochés qui laissent peu de temps pour déguster la dinde et faire exploser les "crackers".
Cette frénésie footballistique de Noël n'est pas le fruit d'une course récente au gain de la part des clubs et des chaînes de télévision. "En Angleterre, c'est une tradition ancienne pour les clubs de football de jouer à plusieurs reprises pendant la période de Noël, explique John Williams, directeur du Centre de recherche sur le football de l'Université de Leicester. Cette coutume n'a encore jamais été contestée, du moins pas avant que l'on commence à parler de fatigue des joueurs devant la répétition des matches, et que les compétitions européennes ne viennent alourdir le calendrier."
L'une des raisons pour cette concentration de matches tient à la coexistence pacifique à laquelle sont contraints les sports entre eux, règle à laquelle le football, discipline reine en matière d'audience, ne fait pas exception. "La première division anglaise était traditionnellement composée de 22 clubs, un nombre aujourd'hui ramené à 20, explique John Williams. Cela impliquait de caser 42 matches, ou aujourd'hui 38 matches, dans une saison, ce qui n'est pas simple. En effet, le football en Grande-Bretagne a dû, dès son origine, éviter que sa saison et celle du cricket ne se chevauchent trop, d'autant que certains footballeurs pratiquaient alors aussi le cricket. Les matches ne peuvent donc pas se jouer pendant l'été ou commencer trop tôt en août."
D'où l'obligation d'organiser des matches à Noël. De surcroît, selon John Williams, les Anglais bénéficiant de moins de jours de vacances que les autres Européens, la période de Noël était l'une des rares pendant lesquelles ils sont en vacances. D'où la nécessité de faire jouer plusieurs matches à cette époque, afin d'attirer les foules dans les stades et d'y engranger de copieuses recettes.
PÈRES ET FILS
Le football en fin d'année est aussi une affaire de famille. "Noël et le Jour de l'an sont une période où les familles se rassemblent, note John Williams, mais les divergences d'intérêts entre hommes et femmes restant fortes, le football offre alors une occasion pour les pères et leurs fils de renouer les liens en allant assister à un match, loin des contraintes familiales."
Enfin, en Grande-Bretagne, la conception du football s'accommoderait mal de l'idée d'une grosse période de repos. "L'idée que les joueurs aient besoin d'une coupure pendant les vacances paraît étrange aux Anglais, qui, culturellement, préfèrent le football dans tous les types de temps et estiment que le championnat doit être un test non seulement de technique, mais aussi de vigueur et de caractère. La Premier League est un marathon et non un sprint", conclut l'universitaire.
Bertrand d'Armagnac
Article paru dans l'édition du 28.12.06.
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source : lemonde.fr
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