Gillett n'est pas prêt à y laisser sa chemise
Martin Smith
Le Journal de Montréal
14/11/2006 08h24
George Gillett a dû passer un week-end sportif passablement frustrant. Son équipe de hockey s'est fait «laver» 5 à 1 par les ennemis jurés de Toronto, samedi, avant que le club de soccer anglais qu'il reluque supposément se fasse mitrailler 3 à 0 par les Gunners d'Arsenal, dimanche.
Le coeur de fan de Gillett a dû saigner un peu mais, dans le fond, le cerveau de l'homme d'affaires a probablement retenu le côté positif de la débandade du FC Liverpool si tant est qu'il soit vraiment intéressé par le club de la Premiership anglaise.
En effet, ce revers a reculé les Reds à 14 points de la tête avec 12 matchs déjà joués et 18 à venir avant la fin de la saison. Les commentateurs anglais ont déjà fait une croix sur les espoirs de conquête du titre de champions de la Premiership, après une disette de seize ans.
Or, même si la valeur marchande d'une équipe est loin de dépendre uniquement de ses succès sur le terrain (meilleur exemple : le Real Madrid qui n'a rien gagné depuis 2003), un vendeur peut renforcer sa position de négo si son équipe est sacrée championne d'Angleterre en 2007, deux ans après avoir gagné la finale de la Ligue des Champions.
Au début de novembre, les collègues de l'émission Oranges @ Halftime de la radio Team 990 ont fait ressortir des éléments intéressants pour démontrer le sérieux de la démarche de George Gillett à l'endroit d'un des quatre ou cinq clubs les plus prestigieux d'Angleterre.
Lors d'une entrevue avec Mihir Bose, rédacteur sportif de la BBC, ils ont appris que Gillett a retenu les services de la prestigieuse firme de banquiers commerciaux NM Rothschild pour le conseiller dans ce dossier.
Écart majeur sur la valeur du club
Comme le rapporte l'animateur Noel Butler dans le site Web de la radio montréalaise, cette firme britannique a aussi conseillé les Américains Malcolm Glazer et Randy Lerner lors de leurs achats respectifs de Manchester United et d'Aston Villa.
«L'intention de Gillett serait de prendre le contrôle total du club, a expliqué Bose lors de son entrevue. Le problème majeur est que David Moores, actionnaire majoritaire actuel, veut avoir 13 000 $ par action, ce qui situerait la valeur du FC Liverpool à 440 M$ tandis que Gillett ne serait supposément pas prêt à payer plus de 8 500 $ par action pour une valeur d'un peu moins de 300 M$.»
Ce n'est pas le seul élément majeur dans la transaction supposément envisagée par le propriétaire actuel du Canadien.
En effet, contrairement à la situation dans laquelle se trouvait le club de hockey lorsqu'il l'a acheté de la brasserie Molson au début de 2001, le prestigieux club de Liverpool doit absolument se faire construire un nouveau domicile pour être capable d'espérer rivaliser avec Chelsea, Manchester United et Arsenal.
Les coûts estimés de ce nouveau stade sont de 435 M$ auxquels il faut ajouter la dette actuelle de 175 M$ pour avoir une meilleure idée du portrait de l'endettement auquel devra faire face le prochain propriétaire du FC Liverpool.
«En ajoutant finalement les coûts d'acquisition de joueurs de premier plan, une offre pour décrocher le contrôle total du FC Liverpool impliquerait un montant avoisinant le milliard de dollars», écrit Butler.
Pas d'écho à Liverpool
Étonnamment, le dossier virtuel du principal quotidien de Liverpool ne contient aucun article mentionnant le nom de George Gillett.
«Notre journaliste sur le beat du FC Liverpool croit qu'il ne s'agit pas d'une piste sérieuse, a raconté Neil Hodgson, journaliste à la section Affaires du Liverpool Echo.
«Les deux principaux dirigeants du club, Rick Parry et David Moores, ont fait quelques expéditions de pêche pour mesurer l'intérêt de certains groupes et aussi pour mettre de la pression sur le prétendant qui semble le plus sérieux, à savoir le fonds d'investissement de l'émirat d'Abu Dhabi.»
Ce n'est pas à Montréal qu'on en apprendra plus sur ce dossier. Encore hier, Donald Beauchamp, vice-président aux Communications du Canadien, a répété que «George Gillett n'a émis aucun commentaire jusqu'à présent et n'a pas l'intention d'en émettre plus tard».
Source: www2.canoe.com
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