y a-t-il un buteur à Anfield ?

y a-t-il un buteur à Anfield ?

Le règne européen de Liverpool s’est achevé de façon confuse et brutale mercredi soir dans la cathédrale d’Anfield. Ainsi en a décidé le Benfica Lisbonne, club au passé certes reluisant mais au présent insignifiant. Ainsi, surtout, en a décidé le football, si imprévisible, si cruel parfois.

Hier, lendemain de défaite, le désarroi se lisait sur bien des visages. Dans la rue, au bureau, à l’école, les milliers de supporters mauriciens de Liverpool, généralement peu discrets, multipliaient les analyses technico-tactiques pour comprendre le comment du pourquoi ou plutôt le pourquoi du comment…

Pourtant, il n’y a rien à comprendre. Liverpool est éliminé parce qu’il n’a pas marqué. Et qui ne marque pas ne mérite pas de gagner, un point c’est tout. C’est mathémathique, c’est loqique.

Ce n’est pas compliqué : deux équipes s’affrontent. La première, Liverpool, championne d’Europe en titre, s’en va-t-en guerre, confiante, la fleur au fusil. Elle est portée en triomphe par des supporters qui ne sont pas redescendus de leur nuage turc et qui la consacrent d’avance. Elle joue bien, multiplie les occasions, certes, mais, en 180 minutes de football, ne trouve pas une seule fois le chemin des filets.

La seconde, Benfica, sait qu’elle n’a pas l’effectif pour soutenir la comparaison avec son adversaire. Elle joue la défense, privilégie les contres, marque trois fois et se qualifie. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Point, barre, à la ligne…

Dans son avant-papier “Anfield, la peur au ventre”, publié le matin du match, notre collègue Azmaal Hydoo avait tracé avec une étonnante précision les contours de ce huitième de finale, qui sentait le piège des kilomètres à la ronde.

“Liverpool aura l’avantage du terrain mais s’il ne fait pas plier Benfica dans la première demi-heure, le rapport de forces risque de s’inverser au fil des minutes. Gare alors aux contres. Le duo Geovanni-Miccoli pourrait donner des sueurs froides aux Reds…”, écrit-il.

Il ne pouvait être plus précis dans ses prévisions. C’est exactement ce qui s’est passé. À force de presser dans tous les sens la défense lisboète sans jamais trouver la faille, les champions d’Europe se sont exposés aux contres meurtriers de Simao et de Miccoli. Ils devaient marquer deux buts, ils en ont pris deux. Ainsi s’est achevé leur belle épopée européenne.

Le problème de Liverpool, à bien voir, est simple : ses attaquants ne savent plus marquer. L’inefficacité est chronique, elle traîne depuis des mois. Un but en neuf mi-temps de football, pour être plus précis.

Pourtant, les noms sont ronflants : Robbie Fowler, Luis Garcia, Peter Crouch, Fernando Morientes, Djibril Cissé… Le premier n’a plus les jambes de ses débuts, le second est un dix et demi, le troisième est davantage un remiseur qu’un buteur, le quatrième a perdu confiance, le cinquième, de loin le plus crédible du lot, ne joue que très rarement. Et, là aussi, quand il joue, il doit s’adapter à un style qui n’est pas le sien.

Le cas Cissé, le plus complexe, pourrait, à bien des égards, nous ouvrir les yeux. À Auxerre, Guy Roux avait bâti son jeu autour de lui. Il était le maillon fort incontestable et incontesté. Et il jouait en profondeur, comme il l’aime, comme il est taillé pour. Résultat des courses, il affolait les compteurs : 62 buts en trois saisons !

À Liverpool, ce n’est plus du tout le même Cissé. L’équipe ne joue pas pour lui, c’est plutôt lui qui doit s’adapter à l’équipe. Finies les longues balles en profondeur, maintenant, il doit se contenter de jouer balle au pied. Comment dans ces conditions espérer qu’il puisse marquer des buts ?

Rafael Benitez, qu’on se le dise, n’a jamais privilégié le jeu d’attaque. Il a une approche prudente du football et son obsession primaire est de ne pas encaisser de but. Sous sa tutelle, Liverpool s’est bâti une défense crédible, un milieu de terrain créatif.

Mais, cette année, pourtant, c’est en attaque qu’il fallait que l’Espagnol concentre ses ressources. Il ne l’a pas fait, tant pis pour Liverpool. Sans doute que Rafa retiendra la leçon la saison prochaine. À moins qu’il n’ait, d’ici là, changé d’air…

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